Lutter contre le harcèlement scolaire avec le roman
Des bleus au cartable
de Muriel Zürcher

Des bleus au cartable
de Muriel Zürcher

Prévenir du harcèlement scolaire en classe est essentiel et indispensable. Mais comment faire ? 

Les éditions Didier Jeunesse et un ensemble de professeures vous proposent différents supports pour vous accompagner en vous appuyant sur le roman Des bleus au cartable.

La rentrée en sixième n’est pas toujours facile. Dès le premier jour, Ralph fait de Lana son bouc émissaire et tous les moyens sont bons pour la tourmenter. Zélie, elle, préfère regarder ailleurs ; pas question d’être une balance, surtout quand on veut être aimée et populaire dans sa classe. Loin de tout manichéisme, un roman qui invite à la réflexion sur le harcèlement.

Outils fournis par le collège Don Bosco en Mayenne, la communauté de communes Yenne et Stéphanie Miraut, conseillère au CAAEE de l’académie de Versailles :

Comment aborder le harcèlement en classe via

Témoignage des enseignantes de cycle 3 de l’École le Marronnier Bourg d’Oisans (38) :

Nous choisissons Des bleus au cartable de Muriel Zürcher comme roman support à notre projet de prévention contre le harcèlement « Nous et les autres et les autres et nous ». C’est un projet qui dure 3 mois avec les classes de CM1 et CM2. 

Avec l’aide de Christian Millette, intervenant bien-être et harcèlement scolaire, les élèves ont : 

– Découvert les 4 accords toltèques 

– Travaillé sur le sens des mots empathie, respect, bonheur 

– Appris à se découvrir, à s’accepter, à trouver leur place dans un groupe. 

Ils ont pris conscience du pouvoir des mots, des images et se sont entrainés à maitriser leurs émotions en utilisant le livret du bien-être. Ce travail a été indispensable pour les aider à mieux comprendre les personnalités et les rôles de chaque personnage du roman (Lana, Ralph et Zélie).

La fin de l’ouvrage ouvre des pistes de travail propices à des mises en situation (saynètes, jeux de rôles). 

Nous faisons aussi intervenir un photoreporter pour alerter sur les dangers de partager des photos et l’utilisation qui peut en être faite, la psychologue scolaire et la brigade des mineurs pour un rappel sur la loi. 

Nous prenons beaucoup de plaisir à accompagner nos élèves sur ce projet et espérons qu’ils sauront réagir s’ils sont confrontés un jour à une situation de harcèlement.

Témoignage de Myriam Lhommedé, Collège Don Bosco, Mayenne (53) :

Voici les différents axes qui ont été traités autour du roman Des bleus au cartable auprès d’élèves de 6e. 

En français : 

– Nos élèves ont participé à un défi-lecture interclasse de septembre à février. Était intégré à la sélection de 14 titres par classe, le roman Des bleus au cartable (questionnaire ici). Muriel a d’ailleurs très gentiment accepté de préparer une vidéo d’introduction pour la remise des prix où elle ne pouvait pas être présente. 

– Les élèves ont préparé des questions avec leurs enseignantes. 

– En 6e SEGPA, le roman a été lu par l’enseignante, 1 chapitre au début de chaque cours. 

En heure de vie de classe, avec les professeurs principaux : 

Dans le cadre du thème d’année, « vivre ensemble », les élèves ont réalisé un temps fort de 5 heures autour de la différence à partir d’extraits du roman Des bleus au cartable (séquence jointe). Ce travail a abouti à un panneau par classe où les élèves ont noté ce que peut ressentir une personne harcelée.

En temps de parcours personnalisé (1H20/semaine) :

– Avant la rencontre : 2 élèves par classe ont préparé une affiche de présentation de Muriel Zürcher qu’ils ont ensuite présentée à leur classe en cours de français, ainsi qu’une fiche biographique donnée à chaque élève

– Pendant la rencontre : ils étaient responsables des photos et de la présentation de leur panneau 

– Après la rencontre : création d’une affiche pour leur classe, avec quelques photos et quelques phrases de ce qu’ils ont retenu de l’intervention de Muriel Zürcher.

Susciter l’émotion et délier la parole

Témoignage d’Amelia Bonin, responsable du service information jeunesse de Yenne pour une exploitation du roman en 6e (73) :

Le projet :

– Septembre – octobre : Lecture du livre Des bleus au cartable par tous les élèves de 6ème dans le cadre des cours de français.

– Novembre : Intervention des gendarmes autour du harcèlement auprès de tous les 6ème : définition + rappel à la loi.

– Décembre : Interventions harcèlement et émotion en classe avec des cartes forces et cartes émotions.

Intervention de Muriel Zürcher : étude du roman Des bleus au cartable et découverte du métier d’autrice. 

Ce qui a été marquant sur les séances harcèlement et émotion c’est la capacité des élèves d’avoir de l’empathie pour Lana mais aussi au départ leur envie d’être fort comme Ralph, pour finalement se rendre compte qu’il ne l’est pas tant que ça et que les émotions qu’il ressent ne doivent pas être agréables…Ils ont aussi compris que Zélie est la vraie héroïne mais que c’est difficile d’être à sa place et qu’il lui a fallu beaucoup de courage !

Ces échanges ont permis à certains élèves de pouvoir témoigner d’harcèlement qu’ils avaient subi à l’école primaire et de comprendre tous ensemble que c’est souvent parce qu’ils étaient nouveaux et donc parce qu’on ne les connaissait pas…

La deuxième séance autour de l’arbre des qualités tiré du cartable des compétences psychosociales, leur a permis de se demander quelles sont leurs qualités ! Question difficile à l’adolescence où l’on ne voit que ses défauts et où personne ne leur pose ce genre de questions valorisantes ! Se donner des qualités les uns aux autres à diffuser des émotions agréables, notamment celle de la joie et la sérénité !

Muriel Zürcher par Jérôme Lopez professeur des écoles à l’école de Caromb (84)

Jérôme Lopez : Des bleus au cartable est un roman qui parle de harcèlement au collège. Comment avez-vous choisi ce titre ?
Lire plus
Muriel Zürcher : Mon titre de travail était « la rentrée où j’ai grandi » parce que les trois personnages principaux font leur rentrée en 6ème en ayant en tête leur propre « mode d’emploi » des relations au collège, mais qu’ils vont le déconstruire peu à peu au fil du récit. Ralph, le harceleur, pense qu’il faut se montrer fort sans jamais dévoiler ses failles, Zélie, la témoin, croit qu’il faut adopter les attributs attendus par les autres (coiffure, références, maquillage, tenue, etc.) pour devenir populaire et Lana, la jeune harcelée imagine que sa mère a besoin d’être protégée et ne lui révèle rien de ses difficultés. Tous les trois vont évoluer et changer ce « mode d’emploi ». Cela les libérera et leur permettra de sortir grandis et plus forts de cette période de leur vie. Mais « la rentrée où j’ai grandi » ne fait pas un bon titre. Alors on a creusé, cherché, avec Mélanie, l’éditrice du roman, avec les autres professionnelles de la maison d’édition, avec la stagiaire de 3e qui était présente, et on aboutit à « Des bleus au cartable » : un titre qui évoque à la fois l’école, et les marques douloureuses que peut laisser un harcèlement.
Jérôme Lopez : Pourquoi avoir eu envie d’écrire sur un sujet d’actualité comme le harcèlement scolaire ?
Lire plus
Muriel Zürcher : C’est le résultat d’un télescopage entre deux petites choses de ma vie. La première n’a rien à voir avec le harcèlement : j’ai vu passer un chat devant ma fenêtre et il portait un magnifique bijou attaché à son collier. J’ai supposé qu’il contenait le numéro de téléphone de son propriétaire et je me suis alors demandé quel autre message ce chat aurait pu transporter : un appel au secours ? Un message d’amour ? Une information secrète ? Mélanie, l’éditrice roman chez Didier Jeunesse, m’a appelée à ce moment-là et m’a parlé de sa recherche d’un roman sur le harcèlement. Cet appel a été comme une graine qui a germé dans mon imagination : en réfléchissant à mon histoire de chat, je suis revenue sans cesse à cette idée de harcèlement. Voilà l’origine de l’histoire, et voilà pourquoi il y a plein de chats dedans !
Jérôme Lopez : Des bleus au cartable est un roman choral, avec les voix de Ralph, Lana et Zélie. Pourquoi avoir choisi de raconter l’histoire de trois points de vue différents ?
Lire plus
Muriel Zürcher : Pour permettre aux lectrices et aux lecteurs d’entrer dans les pensées et les émotions des trois personnages. Grâce à cette empathie, le roman n’est pas celui de personnages stéréotypés, méchants ou gentils. Ralph, Lana et Zélie ont chacun leur histoire de vie et leur famille qui jouent un rôle essentiel dans leur choix d’agir ou de réagir de telle ou telle manière. C’est aussi ce qui leur laisse la possibilité de grandir, de changer et d’évoluer au fil du récit. L'empathie est au cœur de la lecture d'un roman, il est aussi au cœur de la résolution d'une situation de harcèlement : c’est parce qu'on se met à la place de l’autre, parce qu’on le comprend, qu’on a envie d’agir pour qu’elle cesse.
Jérôme Lopez : D’où vous vient l’inspiration de vos histoires ? Est-ce l’envie de parler d’un sujet que vous connaissez, l’envie d’apprendre sur un sujet que vous ne connaissez pas ?
Lire plus
Muriel Zürcher : Je ne sais pas d’où viennent les histoires. Elles naissent parfois d’une toute petite chose, d’un mot, d’une phrase, d’une image autour desquels vont s’agréger des idées jusqu’à « faire histoire », d’autres fois elles naissent d’un personnage qui s’invite, qui s’installe, qui se trouve chez lui dans ma tête. Mais l’imagination garde le secret de ses rouages !
Jérôme Lopez : Une histoire doit-elle toujours bien finir ? Pourquoi ?
Lire plus
Muriel Zürcher : Pour moi, l’important n’est pas qu’une histoire finisse bien, mais qu’elle ait une bonne fin : une fin qui ait du sens et qui fasse résonner le récit.
Précédent
Suivant

Témoignage de Chloé Tazartez, Collège Jeanne d’Arc, Maen Roch (35) :

De mon côté, je trouve que Des bleus au cartable est intéressant à l’entrée du collège pour permettre de libérer la parole et de ne pas trop schématiser les relations des jeunes en mettant les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Si j’avais à l’exploiter en 6ème, je pense que j’en profiterais pour faire une initiation au débat mouvant. Les élèves seraient invités à lire l’ouvrage sur une période de vacances et à conserver une brève trace de leur lecture (résumé, personnage, avis). Pour la séance de débat, j’aurais préparé des affirmations du type « Zélie n’aurait pas dû rire quand Lana est tombée dans la flaque de boue dès la rentrée » ou « Ralph est méchant ». Les affirmations doivent être relativement brèves, faciles à comprendre et donner lieu à un désaccord. Au début de la séance, on résume ensemble brièvement l’intrigue et on situe tous les personnages. Ensuite, le principe du débat mouvant est expliqué aux élèves puis une première affirmation est lue et les élèves doivent se situer dans l’espace : à droite de l’enseignant s’ils sont d’accord, à gauche s’ils ne sont pas d’accord avec l’affirmation puis entre les deux extrêmes si leur position est nuancée. Chacun est ensuite invité à justifier sa position et les autres peuvent changer de place s’ils sont convaincus. Tant qu’il y a du mouvement et des réactions, on poursuit sur cette affirmation. Ensuite, on démarre avec une autre affirmation. Sur une heure de cours, on peut traiter environ cinq affirmations.

Des bleus au cartable se prête très bien à ce type d’exercice car l’intrigue est relativement simple mais les relations des personnages entre eux ne le sont pas. Cette initiation au débat permet aux élèves de commencer à argumenter, d’aborder des thèmes difficiles qui peuvent résonner de manière douloureuse dans leur expérience personnelle mais le prisme de la fiction crée une distance qui peut les aider ensuite à affronter leurs propres difficultés.

On pourrait également envisager des petits exercices d’écriture comme écrire une lettre que Lana adresserait à Ralph après l’incident de la rentrée ou encore récrire une partie de l’histoire en changeant la réaction d’un personnage : que se serait-il passé si Lana avait répliqué ? si elle avait ri elle-aussi de la situation ? si un adulte avait vu la scène et était intervenu ?…

Besoin de réagir ? D’apporter un autre témoignage ?

Contactez nous à : promo@editions-didier.fr

Pour ne manquer aucune info, abonnez-vous à notre newsletter !

Inscription à la newsletter